Les banques centrales à l’assaut de l’inflation

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Depuis de nombreux mois, l’inflation galopante fait la une de l’actualité. Et pour cause : elle bat de nouveaux records historiques et pèse lourdement sur le pouvoir d’achat des ménages. Qualifiée de temporaire en août 2021, force est de constater aujourd’hui que l’inflation n’a eu de temporaire que cet adjectif que les banquiers centraux lui ont attribué.

​​Coup d'œil sur les États-Unis et la zone euro​

C'est aux États-Unis que la hausse de l'inflation est la plus impressionnante. En avril 2022, elle a atteint jusqu'à 8,3 %. L'inflation de base, qui exclut les secteurs volatils de l'énergie et de l'alimentation, a de son côté atteint 6,2 %. Outre-Atlantique, cette inflation de base s'explique par 3 facteurs : la forte demande en biens d'équipement, la pénurie de main d'œuvre qui pousse les salaires à la hausse, et de fortes tensions sur le marché immobilier.​

Dans la zone euro, l'envolée des prix est également tangible mais la nature de celle-ci y est différente. Longtemps contenue, l'inflation de base plafonne à 3,5 %, alors que l'inflation globale culmine à 7,5 %. L'augmentation des prix de l'énergie, exacerbée par la guerre en Ukraine, est de loin la principale cause de cette inflation.

Après une période d'attentisme un peu trop longue, bon nombre de banques centrales dans le monde ont commencé à relever leurs taux directeurs. Autrement dit, elles se sont mises à augmenter le loyer de l'argent, afin de ralentir et contrôler l'inflation.

Si le durcissement des politiques monétaires est au programme, la rapidité et l'intensité des mesures sont différentes, notamment entre la Réserve Fédérale américaine et la Banque C​entrale européenne.​

FED : Agir vite et fort 

Après avoir relevé ses taux directeurs de 0,25 % puis de 0,50 % depuis le début de l’année, la Fed a clairement indiqué qu'elle était sur la voie d'une normalisation rapide de sa politique monétaire. De nouvelles hausses de 0,50 % se profilent pour les mois de juin et de juillet.

Par la suite, le rythme de relèvement pourrait ralentir. Quoi qu’il en soit, la priorité de la Réserve Fédérale est de viser un taux « neutre » proche de 2,50 % et d’aviser ensuite si une politique plus restrictive devait être nécessaire.

Mais la hausse des taux directeurs n’est pas la seule mesure prise par la Réserve Fédérale. en effet, elle a d’ores et déjà annoncé qu’elle allait prochainement commencer à réduire son bilan, une autre étape majeure de la normalisation de la politique monétaire. Autrement dit, cela signifie qu’elle ne rachètera plus de titres et ne renouvellera pas certaines obligations arrivées à échéance.

​De plus, le marché obligataire va devoir absorber 2.000 milliards de dollars supplémentaires d’emprunts du Trésor américain d’ici la fin de l’année prochaine, ce qui pourrait amplifier la hausse sur les taux d’intérêt à long terme.

BCE : Vers la fin des taux d'intérêt négatifs

Exception notoire parmi les banques centrales, la Banque Centrale Européenne s’est jusqu’ici refusée à modifier le loyer de l’argent. Mais la pression pour amorcer le mouvement est grande.

Jusqu'à présent, la seule mesure concrète qu’elle ait prise est la fin des nouveaux achats d'actifs dans le cadre du programme d'urgence pandémique, un préalable à toute hausse de taux d’intérêt. Cependant, les lignes sont en train de bouger. En effet, Christine Lagarde, sa présidente, a ouvert la possibilité d’une première hausse des taux directeurs dès le mois de juillet.

​À plus long terme, on peut s’attendre à un taux d’inflation durablement élevé et volatil, en raison de l'environnement économique (dynamique de la demande, adaptation aux problèmes d'approvisionnement), politique (mesures de politique climatique) et géopolitique (conflit en Ukraine).

Réactivité des marchés obligataires

Le durcissement de ton des banques centrales a rapidement et de manière inédite alimenté, à la hausse, les attentes en matière de taux d’intérêt.

D’ici un an, on peut s’attendre à un plafond de près de 3 % de taux d’intérêt outre-Atlantique. Dans la zone euro, les investisseurs tablent sur un taux directeur de dépôt proche de 1 % dans un an, contre -0,5 % actuellement. Ce taux pourrait graduellement croître jusqu’à 1,5 % à plus long terme.

​Bien entendu, ces attentes dépendent de l’évolution future de l’inflation. Si le resserrement monétaire relève le plancher des taux d’intérêt, le risque de surréaction des rendements obligataires est bien réel. Cela étant, on peut raisonnablement constater qu’une bonne dose de resserrement monétaire est déjà intégrée, ce qui pourrait limiter ou modérer la poursuite de la hausse des taux et des rendements obligataires dans le futur.

L'influence de la hausse des taux à long terme sur les rendements obligataires​

L'inflation galopante et l'évolution de la politique de taux des différentes banques centrales ont bien entendu des répercussions sur les taux à long terme.

​Ces 6 derniers mois, le taux allemand à 10 ans (Bund) est passé de -0,4 % à 1 %, tandis que le taux américain à 10 ans (Treasury 10 ans) a engrangé 1,5 %.

Cette situation se traduit par des taux obligataires négatifs. Les taux d'intérêt plus élevés font en effet baisser le prix des obligations. La hausse des taux soudaine et brusque, observée ces derniers mois,​ s'est traduite par la plus mauvaise performance des obligations depuis les années 1970. Une situation que l’on qualifie d’ores et déjà « d’historique ».

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Vif rebond des actions après le krach éclair mais pas de précipitation

​En ce qui concerne notre stratégie d’investissement au sein de la branche 23, la forte hausse de taux pèse sur les rendements des produits qui investissent essentiellement dans des obligations.

Depuis le début de l'année, les fonds obligataires affichent un rendement négatif d'environ 8 %. Nos gestionnaires d'actifs s'efforcent de limiter les pertes en maintenant une duration plus courte (en investissant à moins long terme et selon des durées moins sensibles en termes de taux). Toutefois, ils restent prudents car les fortes positions en cash se traduisent également par des rendements négatifs. La plupart des gestionnaires privilégient les obligations d'entreprises pour trouver du rendement supplémentaire.

Au vu de la vitesse à laquelle les taux ont progressé, nous sommes d’avis que les marchés obligataires ont déjà intégré les nouvelles qui sont à l’origine de la hausse des taux.

La bonne nouvelle : lorsque les coupons sont payés et que les obligations arrivent à échéances, leurs montants peuvent être réinvestis à de meilleures conditions.

Enfin pour notre stratégie relative à la branche 21, le rôle de la volatilité est accessoire puisque nous conservons les obligations jusqu’à leur terme. Comme nous couvrons à tout moment nos engagements par des investissements d'une même durée, la hausse de taux actuelle ne nous affecte pas. Au contraire, on peut même parler d'effet positif à l’avenir, puisque nos nouveaux investissements se font à des taux d'intérêt plus élevés.


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À propos de l'auteur

Olivier Colsoul

Senior Strategist
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Depuis 25 ans, Olivier Colsoul endosse diverses fonctions liées à l’investissement : analyste en actions, gestionnaire de portefeuilles, analyste de fonds de tiers et économiste au sein de différentes institutions financières de renom. Depuis 2020, Olivier est Senior Strategist chez AG. Il élabore la stratégie globale d’investissement à court et long terme d’AG, à travers l’analyse des développements macro-économiques et l’évolution des marchés financiers.

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