2025 : nos 5 prévisions économiques et financières

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Face à un contexte mondial marqué par des défis économiques et des incertitudes géopolitiques, l'exercice consistant à établir les perspectives pour 2025 est délicat.

En toute logique, cette nouvelle année est censée s’inscrire dans la continuité de 2024, à savoir la poursuite d’un atterrissage en douceur de l’économie. Cependant, la prise de fonction de Donald Trump à la tête des États-Unis est susceptible de venir jouer les trouble-fêtes. Voici nos 5 prévisions économiques.
 

1. Économie : l’atterrissage en douceur se poursuit


En 2025, nous anticipons une croissance du PIB relativement modérée dans la zone euro, estimée entre 0,5 % et 1 %, tandis qu’elle devrait rester robuste aux États-Unis, oscillant entre 2,25 % et 2,5 %. 

L’inflation devrait demeurer maîtrisée dans la zone euro, avec un taux compris entre 2 % et 2,25 %, alors qu’elle pourrait se révéler encore persistante aux États-Unis, se situant entre 2,5 % et 3 %, en raison des risques inflationnistes liés à la politique économique américaine.

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La nouvelle administration américaine entamera son mandat avec une économie ayant montré une grande résilience au cours des derniers trimestres. Bien que des mesures d'immigration plus strictes devraient ralentir la création d'emploi, le cercle vertueux entre la hausse des revenus globaux et la consommation reste intact, d’autant plus que la richesse des ménages américains a bien augmenté.

La présidence Trump 2.0 sera-t-elle pragmatique, agressive ou imprévisible ? L’expérience de son premier mandat montre en tous cas que la première économie mondiale n’a pas subi de chocs majeurs. La principale ligne directrice du futur locataire de la Maison-Blanche consistera probablement à obtenir une économie prospère et une bourse à leur zénith. Néanmoins, cela n’ira sans doute pas sans soubresauts. Parmi toutes les promesses lancées par Donald Trump, citons la baisse des impôts et l’imposition de nouveaux tarifs douaniers à l’importation. Le risque lié à ces décisions serait de subir des mesures de rétorsion commerciales d’autres pays, des surcoûts pour les entreprises et les consommateurs américains ainsi qu’un déficit budgétaire excessif.

Quoi qu’il en soit, la direction générale des propositions économiques de Donald Trump est de nature inflationniste, susceptible d’infléchir la trajectoire de croissance et surtout d'inflation à la hausse, soit au-dessus des niveaux d'équilibre à long terme. 

Europe : amélioration fragile confrontée à de nouveaux risques

Après la pandémie, l’économie de la zone euro s’est redressée plus lentement qu’aux États-Unis. Si 2024 n’a pas fait exception, elle devrait connaître une croissance légèrement meilleure. Après plusieurs trimestres de demande intérieure timide, des signes de reprise de la consommation apparaissent. L’amélioration du pouvoir d'achat des ménages couplée à de nouvelles baisses de taux d'intérêt sont de nature à soutenir modestement l’activité économique. En outre la baisse des taux commence tout doucement à avoir un impact positif sur la demande de crédit.

Ces données modérément encourageantes contrastent avec la détérioration récente de plusieurs indicateurs, accompagnée d’un sentiment général des agents économiques qui n’est pas au beau fixe. D’abord, la France et l’Allemagne, les deux économies les plus importantes de la zone euro, sont empêtrées dans des problèmes politiques et économiques. D’un point de vue budgétaire, l’une est trop dépensière, l’autre pas assez. C’est pourquoi la consolidation du budget devrait constituer un frein dans les pays confrontés à un déficit budgétaire excessif, dont la France. 

Enfin, la menace de l’augmentation des droits de douane américains plane au-dessus de nos têtes. L’équivalent de 0,3 % à 1 % du PIB européen pourrait être à risque en cas de relèvement de 10 % des droits de douane américains.
En cause ? La vulnérabilité des exportations européennes. Quant à l’impact potentiel sur l’inflation, il serait davantage orienté à la baisse qu’à la hausse si la concurrence internationale à l’export s’intensifie. 

Dès lors, une bifurcation de notre scénario de base n’est certainement pas à exclure. La dynamique conjoncturelle est très robuste aux États-Unis avec un biais à la hausse. Cependant, elle est encore fragile sur le Vieux Continent, présentant un risque baissier.

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2. Banques centrales : poursuite de la baisse des taux mais découplage des politiques monétaires


L’assouplissement monétaire des banques centrales se poursuivra grâce à la baisse de l’inflation. Cela se fera de manière nette pour la Banque Centrale Européenne (BCE), avec quatre baisses de taux pour arriver à 2 % en fin d’année, contre seulement deux baisses du côté de la Réserve fédérale des États-Unis (FED) avec un taux directeur à 4 %.

Les banques centrales ont généralement recours à l’escalator pour resserrer le coût du loyer de l’argent et à l’ascenseur pour le relâcher. Autrement dit, les hausses de taux d’intérêt sont lentes et mesurées, alors que les baisses de taux ont tendance à être rapides et rapprochées. Le cycle monétaire que l’on observe actuellement est exactement l’inverse. Les baisses de taux ont commencé au second semestre 2024, d'abord par la BCE puis par la FED. Celles-ci vont vraisemblablement se poursuivre étant donné le caractère encore restrictif de la politique monétaire et la poursuite de l’atténuation de l’inflation. Toutefois, l’inflation dans les services se montre encore tenace et ne recule que très lentement. De plus, l’incertitude liée aux futures politiques économiques américaines pourrait affecter cette trajectoire et, par conséquent, le rythme des prochaines baisses ainsi que le niveau terminal des taux d’intérêt.
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3. Obligations : plus de visibilité, de stabilité et d’attractivité en Europe qu’outre-Atlantique


Avec la baisse des taux d'intérêt des banques centrales, les rendements obligataires ont évolué dans le même sens mais pas aussi fortement que les taux courts. Ils ne baissent donc que légèrement avec l'assouplissement monétaire actuel et restent à des niveaux confortables. Cela est d’autant plus vrai pour les obligations d’entreprises de bonne qualité, qui restent intéressantes, et pour les emprunts d'État, bien que l’écart de rendement entre les deux ait diminué. Nous tablons sur un rendement total de marché compris entre 3 % et 4 %, provenant du taux d’intérêt actuel et d'un effet de marché légèrement positif.

Le découplage des politiques monétaires des deux côtés de l’Atlantique va entraîner des répercussions sur l’évolution des courbes d’intérêt. On peut d’une part s’attendre à un regain de volatilité et des pressions à la hausse sur les taux des bons du Trésor américain. D’autre part, la trajectoire des taux est plus stable et potentiellement baissière pour le Bund allemand. C’est déjà ce que l’on a observé en 2024 : entre le début et la fin de l’année, la partie courte de la courbe avait davantage baissé en Allemagne qu’aux États-Unis. À l’inverse, la partie longue s’était plus tendue outre-Atlantique que sur le Vieux Continent. Résultat ? Les obligations européennes, notamment les obligations d’entreprise, ont enregistré une meilleure performance que leurs homologues américaines ou globales. Ce constat peut possiblement se reproduire en 2025 avec des rendements obligataires moyens encore confortables.
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4. Actions : approche constructive et diversifiée


Si les fondamentaux sont bons du côté américain, la valorisation et la concentration élevées des actions constituent un risque en cas de retournement du marché. En Europe, la situation s’inverse : le dynamisme est moindre, mais les valorisations demeurent raisonnables. La performance s’avère néanmoins solide, notamment en tenant compte d’un rendement de dividende appréciable. Nous sommes positionnés de manière neutre sur les actions et pour 2025, nous nous attendons à ce que le rendement global des principaux indices boursiers européens et américains oscille probablement entre 5% et 10%.

L’environnement reste porteur pour les bourses qui, d’habitude, se comportent bien en période de croissance et de réduction des taux d’intérêt. Néanmoins, après deux très bonnes années pour les actions, nous prévoyons que la croissance des bénéfices aura davantage d'impact sur les rendements que l'augmentation des valorisations. En 2025, la dynamique des résultats devrait à nouveau être positive, davantage aux États-Unis qu’en Europe. La prépondérance des actions américaines constitue toutefois un risque de concentration. Une diversification vers d’autres zones, comme l’Europe, reste à l’ordre du jour. Même si la valorisation des actions a augmenté, surtout outre-Atlantique, nous restons constructifs à long terme vu la solidité des entreprises.
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5. Portefeuille mixte : une combinaison gagnante


Compte tenu de nos attentes pour les marchés obligataires et d’actions, une performance brute de l’ordre de 5 % peut raisonnablement être attendue pour un portefeuille qui combinerait les deux classes d’actifs de manière équilibrée.

Par le passé, nous annoncions aux investisseurs « le retour du rendement ». En pratique, cela s’est effectivement produit en 2024. Il est vrai qu’outre-Atlantique, la performance insolente de Wall Street a éclipsé le gain des obligations américaines. En revanche, en Europe, tant les marchés d’actions que d’obligations ont davantage performé en ligne avec les attentes. Tout en reconnaissant qu’un épais brouillard entoure la future politique économique américaine, ce qui pourra éventuellement influencer la trajectoire de la conjoncture mondiale, la toile de fond devrait rester prudemment favorable. Par conséquent, en 2025, nous anticipons un rendement positif pour un portefeuille mixte et bien diversifié.

À propos de l'auteur

Olivier Colsoul

Senior Strategist
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Depuis 25 ans, Olivier Colsoul endosse diverses fonctions liées à l’investissement : analyste en actions, gestionnaire de portefeuilles, analyste de fonds de tiers et économiste au sein de différentes institutions financières de renom. Depuis 2020, Olivier est Senior Strategist chez AG. Il élabore la stratégie globale d’investissement à court et long terme d’AG, à travers l’analyse des développements macro-économiques et l’évolution des marchés financiers.

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