Obligations vertes : les fondements de la durabilité

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​L'engagement en faveur d'un monde plus vert et plus durable fait partie intégrante de la stratégie d'investissement d'AG. Au sein ​de​ l'entreprise, une équipe dédiée à l'Investissement Durable et Responsable met tout en œuvre pour appliquer cette politique de durabilité au sein de son portefeuille d'investissement, avec une attention particulière portée sur les obligations vertes. Jan Bronselaer, Climate Strategist chez AG, évoque ce marché important et en pleine croissance. ​​

​​​​​​​​​​​​​Bonjour Jan. Que sont exactement les obligations vertes ?

« Il s'agit d'obligations durables émises par des entreprises ou des gouvernements dans le but de (re)financer directement et exclusivement des investissements axés sur l'environnement.

Elles sont positives pour l'environnement et v​​isent à réduire l'impact négatif sur le climat et l'environnement ou à lutter contre les effets du changement climatique. Songez à la promotion de la biodiversité, à la réduction des gaz à effet de serr​​e, aux projets durables concernant l'eau, etc. Une obligation verte a donc un objectif environnemental clair. »

D'où viennent ces obligations vertes ? Pouvez-vous nous expliquer comment elles ont vu le jour ?

« Nous savons que le changement climatique et le réchauffement de la planète sont des questions critiques. Tout le monde s'accorde à dire qu'il faut agir : les réglementations en matière de climat se multiplient, les gouvernements s'engagent - sous l'impulsion de l'Accord de Paris sur le climat de 2015 - et la société réclame des mesures. De nombreux gouvernements et entreprises considèrent le changement climatique comme une de leurs priorités.

L'ambition de l'Union Européenne, par exemple, est de devenir le premier acteur international climatiquement neutre. Grâce à un plan d'action global, l'Europe entend s'attaquer rapidement à cette problématique. Des efforts considérables sont consentis pour investir dans les énergies propres et renouvelables, déployer la recherche et le développement, restaurer la nature et atténuer l'impact social. Dans cette optique, l'Union européenne a prévu un budget de 550 milliards d'euros entre 2021 et 2027.

Le Financial Times a récemment publié un article intitulé « The $100tn path to net zero » pour chiffrer le gigantesque besoin en investissements d'ici 2050. Bien entendu, ce montant sera plus ou moins élevé selon la source que vous consultez. En tout état de cause, ce chiffre stupéfiant de 100.000 milliards de dollars correspond à la taille nominale de l'économie mondiale ou au produit intérieur brut mondial. Les obligations vertes joueront un rôle important dans le financement de cette transition énergétique."

Les obligations dites « vertes » font donc partie des plans de transition durable de l'Europe ?

« En effet. L'Europe a établi un ensemble de lignes directrices en matière de durabilité, par exemple en définissant des activités et des objectifs par le biais de la taxonomie de l'UE, qui s'aligne sur différents objectifs climatiques et environnementaux.

Les obligations vertes ne datent pas d'hier, comme en témoignent les directives émanant du secteur financier, à savoir les Principes applicables aux Obligations Vertes de l'ICMA. L'Union européenne a inscrit, à son tour, cette question à l'ordre du jour. En début d'année, la Commission européenne a conclu un accord politique sur une proposition de règlement concernant une norme européenne pour les obligations vertes. Cette proposition a été approuvée le 5 octobre par le Parlement européen, devenant ainsi le premier cadre légal au monde concernant l'émission d'obligations vertes."

Et chez AG, comment ça se passe ? Pourquoi AG investit-elle dans des obligations vertes ?

« AG souhaite s'investir davantage dans la transition écologique et renforcer son impact. C'est la raison pour laquelle, en 2022, elle a créé “IMPACT24". Il s'agit de la stratégie de croissance durable de l'entreprise, avec l'engagement d'investir 10 milliards d'euros d'ici 2024 dans des activités qui contribuent à la transition vers un monde durable. AG investit notamment dans des infrastructures et des biens immobiliers poursuivant différents objectifs climatiques et sociaux : mobilité verte, énergies renouvelables, services publics durables, bâtiments à haut rendement énergétique, etc.

Grâce à cette approche, nous augmentons progressivement notre impact positif sur l'environnement et la société.

En 2022 également, AG et Ageas ont également rejoint la Net Zero Asset Owner Alliance, une initiative d'investisseurs institutionnels qui s'engagent à réduire d'ici 2050, les émissions nettes de gaz à effet de serre à zéro pour les portefeuilles d'investissement. À titre d'objectif intermédiaire, nous visons une réduction de 50 % des gaz à effet de serre d'ici 2030 pour notre portefeuille d'actions et d'obligations d'entreprise.

Un des moyens d'atteindre cet objectif - et de renforcer la stratégie IMPACT24 - est d'investir dans des obligations vertes. Il est par conséquent essentiel pour nous de pouvoir vérifier l'authenticité et la fiabilité de ces obligations. »

Qu'en est-il de la réglementation relative aux obligations vertes ?

« Pour éviter le greenwashing (prétendre être plus vert qu'on ne l'est réellement), l'émetteur d'une obligation verte doit se conformer à une série de lignes directrices. Il s'agit notamment des principes applicables aux obligations vertes de l'International Capital Markets Association :

  1. Le produit de la vente ne peut être utilisé qu'à des fins environnementales.
  2. Une communication claire est nécessaire concernant les objectifs durables du projet financé.
  3. L'émetteur doit s'assurer que les recettes sont entièrement utilisées au profit du projet sélectionné.
  4. Les rapports sont transparents.

Un organisme indépendant (par exemple :  ISS ESG, Moody's, S&P Global, Sustainalytics, Sustainable Fitch, EthiFinance) confirme également qu'il s'agit d'une obligation verte. Il existe donc une certification indépendante des obligations vertes. AG choisit cette sécurité : toutes les obligations vertes du portefeuille sont certifiées.

L'adoption de la norme européenne sur les obligations vertes en guise de cadre réglementaire constitue également un pas dans la bonne direction pour la supervision et la fiabilité. »

Comment fonctionne ce choix d'une obligation verte ?

« Lorsque nous choisissons une obligation, nous cherchons à concilier le rendement financier avec le financement d'activités durables dans le domaine de l'environnement.

Comment se déroule cette sélection ? Nous examinons naturellement des facteurs financiers : l'échéance, le rendement actuel et la solvabilité de l'émetteur. Mais une obligation verte doit aussi répondre à un critère supplémentaire : que finançons-nous exactement ? Et ici, la durabilité est bien entendu primordiale.

Nos investissements comprennent des obligations émises par la Commission européenne dans le cadre des obligations vertes NextGenerationEU.

Ces obligations renforcent le rôle de l'Union européenne en tant que pionnière du financement durable dans le monde et favorisent la transition durable de l'économie européenne. Mais nous nous intéressons également aux obligations vertes émises par les États membres de l'Union européenne et les entreprises actives dans les secteurs de l'automobile ou des services publics. »

Et quelle est aujourd'hui la part des obligations vertes chez AG ?

« Fin juin 2023, AG a atteint l'objectif de 10 milliards d'euros d'investissements dans des activités qui contribuent à la transition durable. Il s'agit principalement des activités suivantes :

  • Infrastructures telles que les énergies renouvelables et les transports publics.
  • Logement social.
  • Obligations « Use of proceeds » dont le produit est directement affecté à des objectifs sociaux ou écologiques.

Les obligations vertes font partie de cette dernière catégorie. Le 30 juin 2023, AG en avait pour 1,5 milliard d'euros en portefeuille. Avec 15 % des 10 milliards d'euros d'investissements visés (d'ici 2024) pour la transition vers un monde durable, cela représente non seulement une part significative mais aussi une solide augmentation de près d'un milliard d'euros du volume d'obligations vertes par rapport au début de cette année. » (Source : ICE Index Platform)

Une évolution positive, donc. Quelle est la taille du marché des obligations vertes ?

« La Banque européenne d'investissement a émis sa première obligation verte en 2007 et la Banque mondiale l'a imitée en 2008. Ces dernières années, le marché des obligations vertes a connu une croissance constante : en 2021 et 2022, nous avons vu des volumes d'émission de l'ordre de 400 à 600 milliards d'euros. Il y a dix ans, les obligations vertes étaient quasiment inexistantes.

En tant que continent, l'Europe remporte la palme avec deux tiers des obligations vertes dans le monde, mais les États-Unis et la Chine figurent également parmi les plus grands émetteurs mondiaux. Environ la moitié sont des obligations d'État et l'autre des obligations d'entreprises. Sur le marché obligataire européen, un peu moins de 6 % des obligations sont vertes. Au niveau mondial, ce chiffre est de 3 %. Si on se penche uniquement sur les obligations d'entreprises, le compteur s'élève à 12,5 % sur le marché obligataire européen et à près de 5 % sur le marché obligataire mondial. »

Comment voyez-vous l'avenir du marché des obligations vertes ?

« Je m'attends à ce que ce marché continue à se développer. La transition climatique est une révolution industrielle sans précédent qui implique des investissements colossaux. Les obligations restent une forme d'investissement importante et fiable et un marché accessible, ce qui ne changera pas à l'avenir. Les pays émergents joueront également un rôle plus important en termes d'émissions. Enfin, comme pour la gamme plus large des obligations durables, les obligations vertes seront davantage marquées par l'innovation et la diversification. »​

À propos de l'auteur

Jan Bronselaer

Climate Strategist
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Jan Bronselaer a plus de 20 ans d'expérience dans la gestion d'actifs financiers. Il a notamment occupé les fonctions de Bond Portfolio Manager chez AG, Senior Fund Analyst chez Delta Lloyd Bank et Chief Economist & Strategist chez Nagelmackers. En 2016, Jan rejoint AG en tant que Head of Market Development Unit Linked. Il devient Senior Bond Portfolio Manager Unit Linked en 2018, et est responsable de la sélection de nouveaux fonds d'obligations. En parallèle, Jan est impliqué dans l’analyse quotidienne des performances des marchés obligataires. Depuis septembre 2023, il occupe la fonction de Climate Strategist et joue un rôle important dans la mise en place des stratégies d’investissements ayant un objectif durable?

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