Un début d’année optimiste

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​Nous vivons en plein paradoxe. Alors que l'Europe reste sous le joug d'un confinement qui semble interminable, les bourses continuent d'aligner les records. Au cours du premier quadrimestre 2021, les marchés européens des actions ont progressé de 11 % (voir graphique 1). Les obligations d'entreprises se portent bien aussi, avec un spread (le rendement supplémentaire par rapport à une obligation d'État) se situant à des niveaux historiquement bas. Autre fait marquant : la hausse sensible des taux d'intérêt depuis le début de l'année. Le taux belge à 10 ans, par exemple, a progressé de 0,5 % (voir graphique 2).
Graphique 1 : Evolution des marchés des actions (source : Refinitiv, AG)
Graphique 2 : Evolution du taux à 10 ans de l'obligation belge (OLO) (Source : Refinitiv, AG)

​Cet optimisme est-il justifié ?

  1. Le principal motif d'optimisme est sans nul doute la campagne de vaccination, qui permettra non seulement un retour à une vie quotidienne plus normale, mais aussi à une reprise totale de l'activité économique. Après un démarrage lent, la vaccination atteint également son rythme de croisière en Europe.
  2. Globalement, l'économie se porte bien, même mieux que prévu. Nous ne pouvons pas nier l'impact désastreux des confinements pour certains secteurs, comme l'horeca ou le tourisme, mais la plupart des entreprises ont pu continuer à fonctionner grâce au télétravail. Le FMI a relevé à 6 % ses prévisions de croissance économique mondiale pour 2021. Les plans de relance des gouvernements, et plus particulièrement celui du président Joe Biden, contribuent à cette évolution.
  3. Dans ce climat de relance économique, les entreprises ont affiché de bons résultats. À l'heure d'écrire ces lignes, un peu plus de la moitié des entreprises ont annoncé leurs résultats pour le premier trimestre, et deux tiers d'entre elles ont fait bien mieux que prévu. Conséquence directe : les perspectives de bénéfices ont été sensiblement revues à la hausse. Nous nous attendons ainsi à une poursuite de la croissance des bénéfices de l'ordre de 45 % en 2021 et de 15 % en 2022.
  4. Un dernier facteur de soutien : la faiblesse des taux d'intérêt, qui pousse les investisseurs à rechercher des rendements plus élevés via les obligations d'entreprises et les actions. En effet, malgré le sursaut des taux d'intérêt enregistré ces derniers mois, ceux-ci restent historiquement bas.

​Quels sont les facteurs de risque ?​

  1. Le faible taux de vaccination en Asie, en Amérique du Sud et en Afrique est préoccupant. En effet, cette tendance permet au coronavirus de continuer à sévir à l'échelle mondiale, donnant potentiellement naissance à de nouveaux variants contre lesquels les vaccins existants sont moins efficaces.
  2. Par ailleurs, il subsiste des tensions géopolitiques, notamment entre la Chine et les États-Unis. L'administration Biden a beau utiliser un ton moins agressif, elle s'en tient tout de même à son agenda nationaliste. Nous observons également à l'échelle mondiale une tendance à rapatrier des chaînes de production essentielles sur son propre territoire. Cette évolution constitue un risque pour les entreprises internationales qui ont bénéficié de la mondialisation de l'économie au cours des dernières décennies.
  3. Le relèvement actuel des taux d'intérêt n'est pas en soi négatif. Il reflète avant tout de meilleures perspectives de croissance. Toutefois, si les taux d'intérêt devaient augmenter davantage et plus fortement, par exemple en raison de craintes d'une forte inflation, cette tendance serait préjudiciable aux marchés financiers. Nous nous attendons également à une hausse temporaire de l'inflation : les prix des produits de base se remettent du choc de la pandémie de l'année dernière et on constate quelques pénuries temporaires, par exemple dans le domaine des micropuces ou des matériaux de construction. Les plans de relance américains pourraient également créer des pressions inflationnistes mais, selon nous, ils n'entraîneront pas une inflation salariale significative et durable. Quoi qu'il en soit, les banques centrales ont déjà annoncé qu'elles ne relèveraient pas les taux d'intérêt à court terme avant la fin 2023.
  4. Le plus grand facteur de risque est probablement l'optimisme quelque peu exagéré des marchés financiers, qui se basent sur un scénario quasi parfait sans tenir compte des risques possibles, ce qui les rend vulnérables aux corrections en cas de nouvelles décevantes.

​Quelle est notre stratégie d'investissement ?

  1. Au niveau des obligations, nous continuons d'éviter les obligations d'État et privilégions le rendement supplémentaire des obligations d'entreprises ou des obligations moins liquides. Cependant, nous devenons plus stricts dans notre sélection, étant donné leurs valorisations élevées.
  2. Nous restons positifs vis-à-vis des marchés d'actions à moyen terme. Sur la base des résultats de l'année 2020 - influencés par le coronavirus-, les marchés boursiers européens semblent certes chers, mais à l'horizon 2022 - et si les prévisions en matière de croissance des bénéfices se concrétisent -, la valorisation est conforme à la moyenne historique. Pour le moment, nous attendons encore un peu après la hausse rapide de ces derniers mois, mais les éventuelles corrections seraient, pour nous, autant d'opportunités d'achat. ​Au niveau des actions, nous estimons que les petites capitalisations (small caps) présentent le potentiel le plus intéressant : leur valorisation est moins élevée et elles pourront profiter au mieux de la reprise économique attendue.
Par rapport à l'année dernière, les risques liés à la crise du coronavirus ont diminué et les perspectives économiques se sont améliorées. Même si les actions ont déjà anticipé ces nouvelles positives, elles restent la classe d'actifs la plus attrayante à long terme dans cet environnement de taux d'intérêt. Compte tenu de leur valorisation, les stratégies d'achat en cas de correction boursière ou d'investissement étalé dans la durée nous semblent les plus appropriées.
Wim Vermeir, 6 mai 2021

À propos de l'auteur

Wim Vermeir

Chief Investment Officer
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La carrière de Wim Vermeir dans le monde de la finance débute en 1995 au sein de Dexia Asset Management. Il y occupe les fonctions de Chief Investment Officer et de membre du Comité de Direction. En 2011, Wim donne un nouvel élan à sa carrière en intégrant le secteur des assurances au sein d’AG. Fort de son expertise, il combine les fonctions de Chief Investment Officer et de responsable des investissements pour le compte du groupe Ageas. Pour AG, Wim et son équipe d’experts gèrent et placent plus de 60 milliards d’euros de réserves financières.

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