Ukraine, Gaza... l'année 2024 a été jalonnée de nombreuses crises géopolitiques. Néanmoins, l'optimisme qui avait regagné les marchés financiers en 2023 n'a vraiment pas disparu.
En effet, malgré les tensions géopolitiques, l'atterrissage en douceur envisagé par AG l'année dernière est toujours en vue. Cependant, le retour de Donald Trump à la Maison Blanche ouvre la porte à un risque de regain d'incertitude et de découplage économique entre les principales régions du monde, avec une possible reflation aux États-Unis et une croissance anémique en Europe.
Les efforts permanents d'AG en faveur d'un monde durable continuent de porter leurs fruits : le portefeuille d'AG compte désormais plus de 12,7 milliards d'euros d'actifs qui contribuent à un impact positif sur la société, et nos ambitions en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre ont été revues à la hausse.
Olivier Colsoul, Senior Strategist chez AG, répond à nos questions et livre son analyse.
Au début de cette année, AG avait avancé quelques prévisions concernant les marchés financiers. Dans quelle mesure ces prévisions se sont-elles réalisées ?
Olivier Colsoul : « Nos prévisions pour 2024 se sont largement concrétisées. Nous avions anticipé un léger ralentissement de la croissance mondiale, et c'est globalement ce qui s'est produit. L'inflation a également continué sa décrue bien qu'elle reste au-dessus de l'objectif de 2 %. De même, un début de baisse des taux directeurs des grandes banques centrales a eu lieu dans la deuxième partie de l’année, grosso modo en ligne avec nos attentes. L’an dernier, nous faisions le constat du passage d’un monde TINA (There is no alternative) à un environnement TARA (There are reasonable alternatives). Cela signifie qu’avec la forte hausse des taux d’intérêt, il existait des alternatives aux actions pour capter du rendement. Bien que l’on ait connu un certain tassement des taux avec le changement de cap de la politique monétaire, cela reste encore d’actualité. En fait, la surprise positive est, une fois de plus, venue des États-Unis, qui ont surpassé toutes les attentes, tant en termes de croissance économique que de performance boursière. On peut parler à cet égard d’un exceptionnalisme américain impressionnant ! »
Peut-on dire que 2024 aura été une année très nerveuse, malgré les secousses géopolitiques ?
« Oui et non. Certes, l’actualité en 2024 a été émaillée de multiples rebondissements et d’évènements à caractère géopolitique. Malgré cela, l'économie a montré une résilience surprenante. Les marchés financiers ont réussi à maintenir un optimisme certain, et la capacité des économies à absorber les chocs a été davantage remarquée que remarquable. Cette année a prouvé que, même en période de turbulences, il est possible de trouver des opportunités et de rester positif. »
L'économie a montré une résilience surprenante.
Et que nous réserve 2025 ?
« Pour 2025, nous prévoyons une continuation de la normalisation économique, bien que le chemin soit semé d'embûches. L'incertitude géopolitique reste un facteur majeur, mais nous estimons que le risque de récession est faible, surtout aux États-Unis. L'inflation a chuté sous les 3 % des deux côtés de l'Atlantique, et nous nous attendons à ce qu'elle continue de baisser très progressivement. Cependant, le retour de Donald Trump à la présidence pourrait introduire de nouvelles incertitudes, notamment en provoquant des tensions inflationnistes aux États-Unis ainsi qu’un ralentissement de la croissance dans d'autres régions. »
Quels effets attendre de l'élection de Trump sur Powell et les taux d'intérêts en 2025 ?
« L'élection de Donald Trump pourrait avoir des répercussions significatives sur la politique monétaire de la FED. Malgré les dernières déclarations du futur président de ne pas interférer pour le moment dans la conduite de la politique monétaire, Jerome Powell pourrait à l’avenir être soumis à des pressions pour maintenir des taux d'intérêt relativement bas afin de ne pas nuire à l'économie, malgré les risques inflationnistes. Cette situation pourrait entraîner une volatilité accrue sur les marchés financiers et compliquer la tâche de la FED pour atteindre ses objectifs de stabilité des prix et de plein emploi. »
Quel est votre scénario de base pour 2025 ?
« Dans notre scénario de base, nous anticipons une croissance économique stable, voire légèrement en hausse ici et là. En Europe, cette croissance devrait logiquement être soutenue par une amélioration du pouvoir d'achat des ménages et par de nouvelles baisses de taux d'intérêt, qui offriront un peu de répit.
En 2025, l’inflation devrait continuer à diminuer
Le hic, c’est que la dynamique est en train de s’affaiblir et le sentiment n’est pas au beau fixe. Pour sa part, l'inflation devrait continuer à diminuer, même dans le secteur des services, qui a été plus résistant jusqu'à présent. Cela étant, en fonction de l’agenda économique et géopolitique américain, un découplage économique entre les États-Unis et l’Europe pourrait se produire, avec des trajectoires de croissance et des politiques monétaires divergentes. »
Comment voyez-vous le futur des actions aux USA et en Europe ?
« Le marché des actions aux États-Unis pourrait continuer à surperformer celui de l'Europe en raison de la résilience économique, de l'innovation technologique et de la croissance solide des bénéfices. Cependant, les valorisations élevées aux États-Unis pourraient néanmoins limiter le potentiel de hausse. En Europe, les actions pourraient offrir des opportunités intéressantes, surtout si certains catalyseurs positifs se concrétisent. Pas sûr et cela prendra du temps. »
Comment AG a-t-elle orienté ses choix d’investissement au regard de cette dynamique année 2024 ?
« En prévision d'une baisse des taux d'intérêt, nous avons observé une diminution du spread sur les obligations d'entreprises et à haut rendement. Cela signifie que les actifs « high yield » ne sont désormais plus particulièrement attractifs par rapport au risque qu'ils comportent. Cependant, nous voyons encore des opportunités dans les obligations d’entreprises de bonne qualité, qui offrent de meilleurs rendements que les obligations d'État. Même si la valorisation des actions a augmenté, nous restons constructifs à long terme, car nous croyons en la solidité des fondamentaux des entreprises. »
Que se passe-t-il avec le moteur franco-allemand ? Pourquoi ne fonctionne-t-il plus ? Quelles en sont les conséquences ?
« La coopération entre la France et l’Allemagne a été un pilier de la stabilité et de la croissance en Europe. Elle a connu des hauts et des bas. Pour l’instant, chacun des deux pays est empêtré dans des problèmes politiques mais aussi économiques, l’un dépensant trop et l’autre pas assez. Plus généralement, ce qu’il faut, c’est renforcer la compétitivité et l’attractivité de l’Europe dans son ensemble et donc libérer des moyens financiers pour mener à bien cette politique (cf. rapport Draghi). Pour paraphraser la métaphore d’Emmanuel Macron, il faut que les Européens passent à tout le moins du statut d’herbivore à celui d’omnivore dans un monde dominé par des carnivores. Dans le cas contraire, cela pourrait entraîner une fragmentation accrue au sein de l'Union européenne, compliquant la mise en œuvre de politiques communes. Les conséquences pourraient inclure une croissance économique plus faible et une moindre capacité à répondre aux défis globaux, tels que le changement climatique et les tensions géopolitiques. »
Conclusions
En 2024, malgré les soubresauts géopolitiques, les marchés financiers ont montré une stabilité notable. Pour 2025, AG prévoit la poursuite de la normalisation économique mais avec des défis et incertitudes persistants, notamment liés au retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis. La politique monétaire de la FED mais aussi de la BCE, l’évolution géopolitique entre blocs économiques et au sein de l’Europe, et le sentiment boursier, porté par un optimisme affirmé depuis deux ans, seront des facteurs clés à surveiller.
AG reste prudemment optimiste quant aux opportunités d'investissement, en se concentrant sur les obligations de bonne qualité et en maintenant une vision positive à long terme sur les actions.
Naviguer dans cet environnement complexe et identifier les opportunités sera crucial pour les investisseurs en 2025. AG continue de s'engager pour un avenir durable, alignant ses investissements sur des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et contribuant positivement à la société.
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Perspectives financières 2025 – Un atterrissage en douceur, mais avec des turbulences.
2024 a été une année fascinante, remplie de turbulences géopolitiques dans tous les domaines, au cours de laquelle la résilience de l’économie nous a une fois de plus surpris positivement. Mais qu’attend-on de 2025 ? Et comment y répondre dans nos choix d’investissement ?
Au cours de ce webinaire, nous reviendrons brièvement sur les événements de 2024. Nous nous tournerons ensuite vers l'avenir et discuterons des scénarios économiques les plus probables pour 2025. Vous aurez ainsi rapidement un aperçu des tendances économiques actuelles et futures et de leur impact sur les marchés financiers !
Date : 28 janvier 2025 de 13 h 00 à 14 h 00.
Orateurs : Olivier Colsoul, Senior Strategist AG et Eric Giegas, Asset Manager chez AG.