Dans ses prévisions économiques pour 2023, Olivier Colsoul, Senior Strategist chez AG, affirmait que l’inflation galopante de 2022 allait se modérer pour converger petit à petit vers l’objectif sacro-saint de 2 %. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la désinflation a bien eu lieu en 2023. Autre bonne nouvelle, les marchés financiers semblent s’être réconciliés avec les rendements positifs, ce qui permet d’envisager 2024 sereinement. Explications avec notre expert économique chez AG.
Quelle est votre analyse des derniers mois de 2023 sur le plan économique
2023 est clairement l’année de la désinflation. En effet, l’ensemble des leviers qui ont été activés par les banques centrales – notamment une forte hausse des taux d’intérêt - pour diminuer drastiquement et rapidement l’inflation ont porté leurs fruits. Le reflux important des prix de l’énergie et des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement y ont également contribué. Autre bonne nouvelle : malgré le choc monétaire provoqué par les banques centrales, la croissance ne s’est pas brisée. Cependant, si l’inflation est moins inquiétante, la croissance est divergente. Et ce ralentissement de l’économie est surtout vrai dans la zone euro et en Chine, un peu moins aux Etats-Unis où elle est beaucoup plus résiliente. Nous ne sommes donc pas totalement sortis d’affaire puisque l’inflation sous-jacente diminue un peu plus lentement. Néanmoins, nous pouvons être satisfaits de la manière dont 2023 se clôture sur le plan économique.
2022 a été l’année de l’inflation fulgurante. 2023 est celle de la désinflation. Quelle formule avez-vous trouvé pour 2024 ?
Sur le plan économique, 2024 devrait être l’année du soft landing. En effet, nous ne prévoyons pas de récession, mais un atterrissage en douceur de l’économie. La poursuite de la désinflation, bien qu’éventuellement moins rapide pour la suite, devrait permettre une amélioration graduelle du pouvoir d’achat ainsi qu’un début d’assouplissement de la politique monétaire des banques centrales. Quant à la politique budgétaire, celle-ci ne devrait pas être restrictive malgré des efforts à fournir dans certains pays de la zone euro. Après avoir aidé les ménages, les gouvernements prennent des mesures de soutien aux investissements des entreprises. Et puis le plan de relance européen procurera également un coup de pouce.
Sur les marchés financiers, les rendements combinés des actions et des obligations, selon nos prévisions, resteront appréciables à l’avenir. L’économie devrait progressivement redémarrer à la faveur d’une baisse programmée des taux d’intérêt des banques centrales, sans pour autant que celles-ci ne les ramènent à un niveau très bas.
2024 : perspectives économiques positives
Les obligations et les actions sont donc de retour en grâce pour les investisseurs ? Ou faut-il rester prudent quant à la performance de ces actifs ?
Commençons par les obligations. Leur volatilité est encore très forte, avec des mouvements brusques, longtemps à la hausse mais aussi à la baisse. Cela peut bien sûr avoir une incidence sur le cours des titres à revenu fixe, tantôt positive, tantôt négative. Cela étant, avec le plafonnement des taux d’intérêt des banques centrales, les vents contraires se sont estompés. Au sein de cette classe d’actifs, les obligations d’entreprises sont et restent intéressantes à long terme, grâce à leur surplus de rendement par rapport aux emprunts d’État. Ces derniers offrent cependant des opportunités d’investissement spécifiques ou ad hoc.
Pour ce qui est des actions, il faut rester un peu prudent – notamment quant à la croissance future des sociétés cotées en bourse. Si les résultats d’entreprises ont été plutôt bons outre-Atlantique, ils ont déçu en Europe. La croissance est pour l’instant assez morne. Cela devrait toutefois s’améliorer dans la durée. Entretemps, les marchés d’actions ont en 2023 déjà anticipé une embellie qui ne s’est pas encore concrétisée dans les chiffres. C’est pourquoi nous gardons une attitude plutôt neutre à court terme. À plus long terme, nous sommes plus constructifs tout en ayant à l’esprit que la hausse des taux d’intérêt a réduit l’attrait relatif du marché des actions américaines par rapport aux titres à revenu fixe.
En conclusion, l’atténuation des risques permet aux investisseurs d’envisager des perspectives positives en 2024…
2023 a été, d’un point de vue économique, l’année de la désinflation. Et même si l’atonie de l’économie observée ces derniers mois se poursuit encore quelque temps, la hausse des prix s’inscrit sur une pente descendante, ce qui rassure les agents économiques, les banquiers centraux et les investisseurs. L’optimisme des marchés financiers est, certes, un peu excessif mais cela n’empêchera pas les investisseurs de profiter en 2024 des opportunités du côté obligataire et de capter dans la durée le potentiel des actions.
Olivier Colsoul en quelques mots ?
Depuis près de 30 ans, Olivier Colsoul a endossé diverses fonctions liées à l’investissement : analyste en actions, gestionnaire de portefeuilles, analyste de fonds de tiers et économiste au sein de différentes institutions financières de renom. Depuis 2020, Olivier est Senior Strategist chez AG. Il élabore la stratégie globale d’investissement à court et à long terme d’AG, à travers l’analyse des développements macro-économiques et l’évolution des marchés financiers.